samedi 29 septembre 2018

Canicules, Editorial, par Laurent VANDAMME, Président de Wallonie Libre

Chaque jour qui passe, et singulièrement durant les jours les plus chauds de cet été torride à son apogée, je peux constater que la Belgique était un vrai laboratoire de l’absurdité humaine, chaque fois poussée à son plus haut niveau. Il m’a suffi de lire les différentes chroniques d’actualité politique pour m’en convaincre une fois encore.

Dernier épisode grotesque en date : la saga de la mi-été autour de la « refédéralisation ». Lancée mezzo voce fin mai par un député en mal de visibilité (voir notre précédente édition), elle a été relancée en plein mois d’août par un nouveau poisson pilote du néo-fédéralisme belgicain (que Philippe Walkowiak dans un édito bien senti paru dans L’Avenir mi-juin ose nommer ironiquement le « reboot Belgium » - voir p. 11 de ce numéro), à savoir le fils du sérénissime ex-président de la Chambre Herman De Croo (formé à St Stanislas à Mons), le non moins fameux Alexander ; celui-là même qui a un beau matin et pour flatter son ego flamingant, provoqué la chute du gouvernement fédéral en exigeant de façon pour le moins abrupte et commisérative la fin de l’arrondissement bilingue de Bruxelles-Hal-Vilvoorde, l’une des dernières pierres angulaires du fédéralisme à la sauce belge. On marche sur la tête ! Le soleil doit avoir tapé un peu fort les jours précédents sur la caboche de l’édile des Ardennes flamandes pour oser encore ainsi se présenter comme l’apôtre zélateur du « fédéralisme renouvelé », après en avoir incarné son sabordement !

On n’est plus à un paradoxe près dans ce pays de malades politiques. La schizophrénie gagne du terrain !

Mais il y a bien pire ! Bien pire que ces hypocrisies quotidiennes, où après avoir obtenu de l’autre ce qui va définitivement le mettre en état de soumission (l’autre n’étant benoîtement demandeur de rien, comme de coutume), on feint la sympathie, l’esprit de conciliation, l’apaisement. Ils ne sont pas si méchants, tout compte fait, entend-on dire sur les marchés et aux caisses des grands magasins. Tout est bien qui finit bien, comme dans les contes de fées. On en connaît pourtant la fin arrangée…

Jusqu’à la prochaine attaque, qui sera inévitablement suivie du prochain déculottage public wallon. De toute façon, les Wallons auront tout oublié du précédent...

Ainsi, la Flandre voudrait à chaque fois qu’on oublie tout : Louvain, les Fourons, BHV, la collaboration, le VNV, les marches sur Bruxelles, son arrogance économique, sa domination sur la België, nos tristes renoncements, pour relancer la machine Belgique, ce à son unique profit évidemment ! 

Chaque jour, grâce à l’apathie des Wallons, la Belgique se flamandise pour ne quasiment plus parler français ! Qui peut ainsi croire que le sommet de la Francophonie 2022 (voir dans ce numéro en p. 18) verra le jour à Bruxelles avec l’appui d‘une équipe fédérale dirigée depuis Anvers ? La N-VA rigole déjà de notre naïveté !
Le piège de « LA BELGIQUE A TOUT PRIX » se referme ainsi sur nous, puisque la plupart des Wallons n’ont rien voulu savoir des risques depuis des années. Il était pourtant écrit dans les astres que seule une Belgique flamande pouvait demeurer ne fût-ce que pour venger cette Belgique francophone qui fut jadis de mise. Simple retour de balancier, ou notre colonisation définitive ? En tout état de cause, les couards Wallons actuels paient le prix fort pour leur audace (et gloire) passées.

Nous disons : mieux vaut la dignité d’un refus wallon clair pour cette België (et les conséquences encourues) que cette mort lente par étranglement que nous vivons.

Pourvu qu’il ne soit pas trop tard pour dire non quand nos élus entendront enfin notre discours et s’y plieront. Car seuls ce discours et les actes qui en découleront permettront à notre Wallonie de reprendre son envol. Le décompte fatal est enclenché… Alors fi des discours belgicains absurdes qui, tous, portent en filigrane de déclin wallon et notre soumission à la Loi du Nord.

Debout les Wallon.ne.s ! Tant qu’il est encore temps… Parce que nous aussi avons droit à notre place au soleil !

Diables rouges: vous avez dit belgitude?

JULES GHEUDE, ESSAYISTE POLITIQUE (1) MIS EN LIGNE LE 26/07/2018

Encore un article de Gheude, direz-vous ! Certes, il rappelle notre indéniable proximité avec la France, dont il tire des conclusions que nous ne tirons pas nécessairement, mais il a le mérite de partager notre constat : la totale faillite du contrat Belgique, chaque jour plus patente. 2019, puis 2024, nous donneront raison !

La « belgitude » mise en avant lors de l’épopée russe des Diables Rouges n’est qu’une occasion de plus pour l’establishment francophone de se mettre la tête dans le sable pour ne pas voir la réalité belge, estime l’essayiste Jules Gheude dans une carte blanche.

40.000 personnes ont célébré le retour des Diables rouges en Belgique. – Mathieu Golinvaux / Le Soir

L’enthousiasme populaire suscité par les prestations des Diables Rouges lors de la Coupe du monde de football pourrait laisser penser que la Belgique constitue une nation forte et soudée. Lors de son allocation du 21 juillet, le roi Philippe n’a d’ailleurs pas manqué d’y voir la preuve de la pertinence de la devise nationale « L’union fait la force ».

Les médias francophones ont également vu, dans l’équipe nationale, l’incarnation de la fibre patriotique. Le présentateur du JT de RTL-TVI n’a même pas hésité à revêtir une tenue aux couleurs tricolores. Quant à sa collègue de la RTBF, commentant le défilé militaire, elle n’a pas tari d’éloges pour la « belgitude ».

Il y a un an, je fus invité à participer à une émission de RTL-TVI sur le thème « Quel avenir pour la Belgique ? ». La présentatrice commença par projeter une interview de Brel où celui-ci déclarait qu’il fallait être fier d’être Belge. Le problème, c’est que le Grand Jacques fut obligé d’aller chercher la reconnaissance à… Paris ! Georges Simenon quitta également Liège, à l’âge de 17 ans, pour se rendre dans la capitale française où il connut, en l’espace de quelques années, un succès retentissant. Et l’on pourrait multiplier les exemples, de Félicien Rops à Henri Michaux, lequel opta d’ailleurs pour la nationalité française.

Ceux qui, à l’instar de l’Antillais Aimé Césaire ou du Sénégalais Léopold Sédar Senghor, ont défendu le concept de « négritude », entendaient montrer la spécificité bien réelle des peuples noirs.

Vous êtes une même nation. On vous appellera des « Belges » – et les pauvres bêtes répondent docilement au nom qu’on leur donne ! »

Amalgame 

65 ans plus tard, Flamands et Wallons vont se déchirer sur l’affaire de Louvain.

Paraît alors « Le Divorce belge » de Lucien Outers, dans lequel l’auteur écrit : « Ma colère, je la réserve à ceux qui, par aveuglement ou par intérêt, veulent nier ce qui fait l’originalité de nos deux peuples, leurs richesses propres et leurs virtualités profondes, dans un amalgame informe qu’ils appellent la patrie. »
Pour tenter de rendre l’amalgame moins informe, les responsables politiques entreprirent de lui donner un visage fédéral. De 1970 à ce jour, six réformes institutionnelles furent ainsi opérées. Non seulement, elles n’ont pas apporté l’apaisement escompté, mais elles ont rendu le processus de décision politique extrêmement compliqué. Et Jean Quatremer, le correspondant du journal français « Libération » à Bruxelles de constater la déliquescence de l’Etat, miné par les luttes incessantes entre la majorité néerlandophone et la minorité francophone.

A l’occasion de la Fête nationale flamande, le 11 juillet, le ministre-président flamand Geert Bourgeois a tenu à mettre les points sur les i : « Aujourd’hui, nous sommes indéniablement une nation. Notre langue le néerlandais est le cœur de notre identité flamande. »
Voilà bien où se situe le cœur du problème.En Flandre, on regarde la VRT, la VLAAMSE Radio en Televisie. Les francophones, eux, regardent la RTBF, la Radio et Télévision BELGE francophone.

Nation flamande, collectivité francophone

La Belgique est finalement constituée d’une nation flamande, d’une collectivité wallonne qui, selon les sondages, se sent avant tout belge, et d’une Région bruxelloise mélangée. C’est au sein de cette dernière que la notion de « belgitude » pourrait à la limite s’appliquer. Et il convient de ne pas oublier la communauté germanophone, attachée à la fois à son identité culturelle et à l’Etat belge.

La réalité wallonne, l’historien namurois Félix Rousseau l’a fort bien cernée :
« Dès le XIIIe siècle, c’est le français qui est adopté partout comme langue littéraire. Voilà le fait capital de l’histoire intellectuelle de la Wallonie. Sans aucune contrainte, de leur pleine volonté, les Wallons sont entrés dans l’orbite de Paris et, depuis sept siècles, avec une fidélité qui ne s’est jamais démentie, n’ont cessé de participer à la culture française».

Comme chaque région de France, la Wallonie a ses spécificités : dialectes, traditions folkloriques, spécialités culinaires… Mais, comme chaque région de France, elle peut aussi s’enorgueillir de relever d’un cadre général qu’André Renard, le leader du Mouvement Populaire Wallon, qualifiait de grand flambeau, de grande lumière de culture. Et il ajoutait : « Nous avons foi dans cette France qui, pour nous, est éternelle. »

L’establishment francophone se met la tête dans le sable pour ne pas voir la réalité : déjà nation, la Flandre pourrait, à terme, devenir un Etat souverain. 

Première force politique du pays, la N-VA a d’ores et déjà annoncé que le confédéralisme serait sur la table des négociations au lendemain des élections législatives de l’an prochain : une Belgique réduite à l’état de coquille vide et qui, très vite, serait jugée superflue.

Les adeptes de la « belgitude » n’auront alors plus que leurs yeux pour pleurer, autour d’un barbecue avec l’indispensable sôôôce andalouse…

(1) Derniers livres parus : « François Perin – Biographie », Editions Le Cri, 2015, et « Un Testament wallon – Les vérités dérangeantes », Mon Petit Editeur, 2016. (2) ancien Premier ministre britannique

jeudi 7 juin 2018





TOUTES & TOUS AU RENDEZ-VOUS ANNUEL DU SOUVENIR WALLON face à l’Aigle Blessé de Lasne (N5)

  SAMEDI 9 JUIN 2018 à 15h