dimanche 26 juillet 2009

Lorsqu’on préfère un mensonge qui arrange à LA VÉRITÉ QUI DÉRANGE…

Au lendemain du jour où il est de tradition, dans la presse et ailleurs, de s’adonner aux facéties et blagues de tous ordres, bref, en ce 2 avril, la presse du « sud », comme s’intitule le groupe en question, ose en page actualités un titre qui ne semble en rien constituer un poisson en retard : « Moins d’argent flamand pour la Wallonie ? ». Déjà, ce type de question incongrue a le don d’énerver les Wallons ; cela supposant qu’il y en a beaucoup (trop) et qu’il est temps que ça cesse. De l’eau au moulin de MM. De Wever et Dedecker en quelque sorte.

Peu satisfait de ce raccourci racoleur, le journaliste Didier Swysen se lance dans une diatribe contre les préjugés, tenaces, que véhicule inévitablement ce dossier des transferts : ainsi, si globalement de l’argent va des arrondissements riches vers les plus pauvres, on constate que Nivelles et Arlon sont contributeurs et non receveurs, à l’inverse d’Hasselt, d’Ypres ou de Dixmude, qui reçoivent plus qu’ils ne donnent.

Et de rappeler, avec justesse, que le taux de chômage en 1949 n’était que de 5,2 % en Wallonie, alors qu’il atteignait 19,5 % en Flandre ! Certains chiffres sont parfois plus éclairants qu’un long discours ! De même, il constate pertinemment que depuis des années, le poids des pensions en Flandre est tel que celle-ci perçoit plus qu’elle ne donne, et que ce poids croîtra de 5 % en Flandre contre 2,4 % en Wallonie ; ce qui augure un accroissement de la différence !
La conclusion de son introduction souligne qu’il en va de même ailleurs, et que la Bavière paie pour la Thuringe, la Gironde paie pour la Creuse, la Lombardie paie pour les Pouilles, la Catalogne paie pour Murcie et l’Écosse paie pour les Midlands.

Or, en Wallonie, nous sommes bien conscients que ces aides ne viennent pas que de Flandre, et que l’Europe entière a apporté sa brique au relèvement wallon, comme elle a soutenu le Nord, la Lorraine, la Sarre ou les Asturies. A-t-on profité au mieux de cette aide ? Je vous laisse seuls juges ! Mais la Flandre n’a pas la moralité requise pour s’ériger en juge de l’usage de nos aides ! Il suffit de se rappeler quelques scandales, de Leernout & Hauspie à l’affaire du smeerpijp en passant par les marchés truqués du port de Zeebrugge et des autoroutes flamandes, sans omettre les liens troubles du dossier Moerman-Aernoudt !

Par contre, nous savons, et l’article est étrangement silencieux à ce sujet, que s’il existe en effet quelques transferts Nord-Sud, chiffrés et assez facilement contrôlables, l’exercice s’avère beaucoup moins transparent – pour ne pas dire opaque et… tabou ! – lorsqu’il s’agit d’inverser les rôles, et de chiffrer l’importance des transferts Sud Nord, dont nos informations nous confirment qu’ils ne cessent d’augmenter, à l’insu du commun des mortels.
Ainsi en va-t-il de l’apport wallon aux retraites des hauts fonctionnaires. N’est-il pas scandaleux de constater combien la Haute fonction publique est colonisée par des patrons prétendument bilingues mais foncièrement flamands, voire flamingants (voyez la Poste, Belgacom, les Ministères fédéraux – SPF -, les Ambassades et Consulats…). Comment expliquer que le Wallon doit y contribuer à raison de 30 % sans y avoir aucun représentant ou presque ?

Souvenez-vous de l’article de Louis Maraite dont nous vous avions parlé voici quelques mois : comment accepter que la Wallonie ne touche que 33 % pour l’entretien de ses routes alors qu’elle possède 61 % du réseau ? Comment accepter que le réseau ferroviaire soit toujours plus moderne an Nord qu’au Sud ? Comment justifier que l’eau, richesse de la Wallonie, soit pompée par des sociétés flamandes, expédiée vers le Nord à vil prix, et que le surplus pompé soit revendu à la Wallonie ? Comment tolérer que nos produits doivent désormais passer par un bureau de douane flamand pour pouvoir être exportés ?

Comment ne pas se rendre compte que la Belgique n’est plus rien d’autre qu’un simple bureau utile à dépecer la Wallonie de ses richesses et de son savoir-faire pour enrichir une Flandre toujours plus avide et rapace ?

Il n’est pas étonnant de voir que la Flandre n’a de cesse de calculer et recalculer ce qu’elle nous « donne » (on a dit une voiture, puis deux TV par an, bientôt on en sera à un repas chez Léon !), notamment en matière de sécu. On sait aussi que l’exercice n’est pas neutre, et qu’il induit la régionalisation de la sécu que revendique la Flandre dans une belle unanimité. Il est vrai que tant que la Wallonie ne met pas les transferts Sud Nord sur la table, la Flandre aurait tort de se priver !

Nous plaidons, nous aussi, pour cette scission, car s’il est naturel que la Wallonie dispose de tous les leviers relatifs à son économie, il est tout aussi important de le faire en une période où nous remontons la pente, et où la Flandre n’a pas encore pris conscience qu’elle est bel et bien en déclin !

L. VANDAMME.

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