dimanche 18 octobre 2015

Il faut utiliser la langue wallonne et l'enseigner


Régulièrement, le débat sur l’usage de la langue wallonne refait surface. Récemment encore, la presse s’en est fait l’écho. 

Ce débat est toujours très vif : d’une part ceux qui trouvent le wallon dépassé, ringard voire vulgaire ; d’autre part, ceux qui défendent le terroir et leur patrimoine. 
Entre les deux, beaucoup de malentendus et d’incompréhension et donc, le débat reste bloqué. Et pourtant…
Il n’y a que des arguments positifs pour parler, utiliser et enseigner la langue wallonne. 

On peut en rappeler ici quelques uns :
  1. L’UNESCO rappelle régulièrement que le patrimoine linguistique fait partie du patrimoine mondial. Chaque année des langues meurent, au rythme de la mondialisation. Défendre et utiliser des langues, même à vocation régionale, c’est sauvegarder le patrimoine mondial de l’humanité. Pourquoi ceux qui défendent avec acharnement des langues africaines ou américaines en voie de disparition sont ils parfois les premiers à rejeter le Wallon ?

  2. Or, le Wallon n’est ni une langue vulgaire ni une « bête » langue. Le Wallon a ses lettres de noblesse tant en poésie, qu’en littérature qu’en théâtre. Sous cet angle d’ailleurs, le Wallon reste bien vivant avec des dizaines de représentations théâtrales chaque année, suivies par des dizaines de milliers de personnes. Certes, le Wallon a toujours été méprisé par les bourgeois francophones (au même titre que le flamand d’ailleurs et pour les mêmes raisons, des raisons sociales, le français étant la langue de la réussite). Mais il faut aujourd’hui sortir de cette appréciation sectaire d’origine sociologique. Le Wallon n’est pas une question de classe sociale.

  3. En France, les langues régionales sont enseignées dans les écoles et font l’objet d’ailleurs de points pour le bac. Ces enseignements sont un succès (Corse, Breton, Basque,…) et ont permis, pourtant dans le pays du décret de Villers-Cotterêts, dans un pays connu pour son hyper centralisation jacobine, de sauver les langues régionales.

  4. Pourquoi dés lors en Belgique, et singulièrement en Belgique francophone ce mépris vis-à-vis de l’enseignement de la langue régionale ? Alors que le Conseil de l’Europe a adopté une convention sur la protection des langues minoritaires, convention que la Belgique a toujours refusé d’approuver, sous la pression principalement flamande.

  5. L’apprentissage des langues étrangères est primordial. Or, ce n’est pas en se fermant sur le seul sacro saint français que l’on va ouvrir les oreilles et les cerveaux de nos étudiants… Si on peut dés le plus jeune âge ouvrir les cerveaux des étudiants à une autre musique linguistique, ce serait profitable à cet apprentissage de façon certaine. Pourquoi dés lors ne pas utiliser le Wallon comme déclic intellectuel possible et efficace ?
    Aucun argument ne plaide contre l’apprentissage du Wallon et son enseignement à l’école. De très nombreuses initiatives existent mais elles n’ont pas l’appui nécessaire pour sortir de leur marginalité.
    Une possibilité serait de donner aux pouvoirs organisateurs plus de souplesse, plus d’autonomie en la matière.
    La volonté politique est-elle là ?
    Il est vrai que cela pose plus largement la question du dynamisme de notre administration de l’enseignement… 

    Marc Bolland, ancien député wallon, mayeur de Blegny (Lîdje) - 26 juillet 2015

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