On
avait déjà connu les 541 jours sans gouvernement fédéral, faisant de ce pays
improbable une nation introuvable, au-delà du réel et de l’absurde. Et comme
par miracle, le roi s’était fâché et tout le monde était rentré dans le rang,
puisqu’une équipe inédite avait vu le jour, aux forceps il faut bien l’avouer.
Cette équipe, on s’en souvient, s’était faite un peu en réaction de la
reconduction, au sud –CF et Wallonie- en tout cas, de l’ancienne majorité de
centre-gauche, puisque le Tournaisien Rudy Demotte restait à Bruxelles en
partageant sa double casquette avec le Carolo Paul Magnette, envoyé à Namur
pour cinq ans…
5
ans… Du moins le pensait-on jusqu’à ce matin du 19 juin où, dans les brumes
encore fumantes de ce début d’été, le
patron du second de l’attelage, le Cdh Benoît Lutgen, avouait vouloir quitter
l’esquif pour convoler avec l’opposition MR namuroise. Un choc pour tous ceux
qui croyaient le Cdh éternellement rivé à son partenaire socialiste…
Un
mois de négociations poussives et voilà la nouvelle majorité en place, de
justesse puisqu’elle ne dispose que d’un siège de sécurité, deux si l’on compte
l’élu indépendant de droite votant à la carte… C’est ric-rac ! Mais ça
passe… Exit donc l’équipe PS-Cdh, voici donc l’équipe MR-Cdh. Un hic à ce tour
de passe-passe dont seule la Belgique a le secret : quid de la majorité
siamoise à la Communauté française, dont on sait qu’elle doit –ou devrait- être
le reflet des majorités siégeant à Namur… et à la Région de Bruxelles-Capitale ?
A
l’heure d’écrire ces lignes, tout le monde se perd encore en conjectures à ce
sujet ! Et il semble que la solution pour sortir de ce dédale
institutionnel n’est toujours pas pour demain !
Il
n’en faut pas plus pour que l’évidence apparaisse au Wallon que je suis :
un gouvernement wallon se met en place en un mois, et fonctionne avec sa
nouvelle majorité, mais l’équipe à la Communauté française, elle, est condamnée
à poursuivre son travail dans son ancienne configuration. Sans compter que, faute de partis traditionnels réellement régionaux,
les anathèmes de M. Lutgen lancés à Namur valent aussi pour Bruxelles, et
impactent donc Bruxelles comme la Wallonie. On appelle ça des ricochets ! Et, pour le coup, ils rendent la gestion
de la Communauté aussi ridicule qu’obsolète.
En
Wallon, logique avec moi-même, je n’y vois que la splendide illustration du triomphe du fait régional, et la
consécration de la victoire de notre message du « TOUT AUX REGIONS » sur les obscures thèses
des jusqu’au-boutistes de la Communauté.
En effet, qu’ils me disent comment deux majorités contradictoires peuvent se
retrouver pour gérer ce brol, sachant qu’une des deux semble solide et l’autre
plus que contestée en interne, risquant à chaque vote son maintien?
En
tirant la prise, Benoît Lutgen n’a sûrement pas pensé que le Diable et Kafka
s’inviteraient ainsi à la table des négociations. Pourtant, en décernant chaque
année les Magritte du cinéma, la Communauté française savait qu’elle basait son
image sur le surréalisme, comme Bruxelles qui abrite le magnifique musée dédié
au génial peintre… wallon !
Espérons
juste que cette crise aura le mérite de prouver que nous avons grand besoin
d’une SIMPLIFICATION qui,
inévitablement pour moi, et sûrement pour vous j’en suis sûr, rime plus que
jamais avec le mot et le concept de REGION !
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