lundi 20 novembre 2017

OBSOLESCENCE PROGRAMMEE - Editorial, par Laurent VANDAMME, Président de Wallonie Libre



On avait déjà connu les 541 jours sans gouvernement fédéral, faisant de ce pays improbable une nation introuvable, au-delà du réel et de l’absurde. Et comme par miracle, le roi s’était fâché et tout le monde était rentré dans le rang, puisqu’une équipe inédite avait vu le jour, aux forceps il faut bien l’avouer. Cette équipe, on s’en souvient, s’était faite un peu en réaction de la reconduction, au sud –CF et Wallonie- en tout cas, de l’ancienne majorité de centre-gauche, puisque le Tournaisien Rudy Demotte restait à Bruxelles en partageant sa double casquette avec le Carolo Paul Magnette, envoyé à Namur pour cinq ans…


5 ans… Du moins le pensait-on jusqu’à ce matin du 19 juin où, dans les brumes encore fumantes  de ce début d’été, le patron du second de l’attelage, le Cdh Benoît Lutgen, avouait vouloir quitter l’esquif pour convoler avec l’opposition MR namuroise. Un choc pour tous ceux qui croyaient le Cdh éternellement rivé à son partenaire socialiste… 

Un mois de négociations poussives et voilà la nouvelle majorité en place, de justesse puisqu’elle ne dispose que d’un siège de sécurité, deux si l’on compte l’élu indépendant de droite votant à la carte… C’est ric-rac ! Mais ça passe… Exit donc l’équipe PS-Cdh, voici donc l’équipe MR-Cdh. Un hic à ce tour de passe-passe dont seule la Belgique a le secret : quid de la majorité siamoise à la Communauté française, dont on sait qu’elle doit –ou devrait- être le reflet des majorités siégeant à Namur… et à la Région de Bruxelles-Capitale ? 


A l’heure d’écrire ces lignes, tout le monde se perd encore en conjectures à ce sujet ! Et il semble que la solution pour sortir de ce dédale institutionnel n’est toujours pas pour demain !

Il n’en faut pas plus pour que l’évidence apparaisse au Wallon que je suis : un gouvernement wallon se met en place en un mois, et fonctionne avec sa nouvelle majorité, mais l’équipe à la Communauté française, elle, est condamnée à poursuivre son travail dans son ancienne configuration. Sans compter que, faute de partis  traditionnels réellement régionaux, les anathèmes de M. Lutgen lancés à Namur valent aussi pour Bruxelles, et impactent donc Bruxelles comme la Wallonie. On appelle ça des ricochets ! Et, pour le coup, ils rendent la gestion de la Communauté aussi ridicule qu’obsolète.


En Wallon, logique avec moi-même, je n’y vois que la splendide illustration du triomphe du fait régional, et la consécration de la victoire de notre message du « TOUT AUX REGIONS » sur les obscures thèses des  jusqu’au-boutistes de la Communauté. En effet, qu’ils me disent comment deux majorités contradictoires peuvent se retrouver pour gérer ce brol, sachant qu’une des deux semble solide et l’autre plus que contestée en interne, risquant à chaque vote son maintien?


En tirant la prise, Benoît Lutgen n’a sûrement pas pensé que le Diable et Kafka s’inviteraient ainsi à la table des négociations. Pourtant, en décernant chaque année les Magritte du cinéma, la Communauté française savait qu’elle basait son image sur le surréalisme, comme Bruxelles qui abrite le magnifique musée dédié au génial peintre… wallon ! 


Espérons juste que cette crise aura le mérite de prouver que nous avons grand besoin d’une SIMPLIFICATION qui, inévitablement pour moi, et sûrement pour vous j’en suis sûr, rime plus que jamais avec le mot et le concept de REGION !
 



Aucun commentaire: